Effets fiscaux derives de la loi RIE III sur la double imposition economique

RIE III : ce que la nouvelle fiscalité signifie (vraiment) pour les entrepreneurs-actionnaires vaudois

Effets fiscaux derives de la loi RIE III sur la double imposition economique

1. Pourquoi reparler de double imposition économique ?

Les bénéfices d’une société anonyme sont taxés une première fois au niveau de l’entreprise, puis une seconde fois lorsque ces bénéfices sont distribués sous forme de dividendes : c’est la double imposition économique. Dans les PME familiales, où les dirigeants sont aussi actionnaires-salariés, cette surcharge fiscale peut dépasser 60 % du revenu agrégé .

La RIE II (2009) avait déjà tenté de réduire la pression en exonérant partiellement les dividendes, mais le gain restait trop faible pour les entrepreneurs travailleurs . La RIE III, votée au niveau cantonal, va plus loin : elle abaisse le taux d’impôt sur les sociétés vaudois à 13,79 % (contre 21,62 % auparavant) , soit une baisse de 36,22 % . Reste à savoir si ce « shot fiscal » change réellement la donne pour vous.

2. Le nouveau paysage fiscal en trois profils

ProfilAvant RIE IIIAprès RIE III
Actionnaire pur investisseurDouble imposition lourdeGain spectaculaire : charge totale ↓ 36 %
Indépendant (raison individuelle)Imposition unique, sans dividendesPratiquement inchangé
Actionnaire-salariéDouble imposition + cotisations AVSSituation mitigée : légère amélioration mais contraintes juridiques inchangées

3. Actionnaire-salarié : gain fiscal… ou mirage ?

3.1 Le mythe de l’arbitrage 80 % salaire / 20 % dividendes

Nombre de dirigeants espéraient qu’en remplaçant 20 % de leur salaire par des dividendes, l’exonération de 30 % issue de la RIE II, combinée au nouveau taux IS, suffirait. Les simulations sur 45 cas (bénéfice brut 100 k – 1 M CHF) montrent le contraire : l’impôt société grevant les dividendes annule le bénéfice de l’exonération, et la charge globale reste jusqu’à +10 % plus élevée qu’un salaire pur à 100 k CHF .

3.2 Où se loge alors le « vrai » avantage ?

L’étude révèle que le seul allégement provient du solde AVS : les dividendes échappent aux cotisations, tandis que le salaire baisse sous le plafond de 86 400 CHF. Le gain net oscille entre 1 652 CHF (bénéfice 100 k) et 38 379 CHF (1 M) – mais c’est une économie sociale, pas fiscale.

3.3 Les seuils irréalistes pour l’égalité de traitement

Pour aligner sa charge sur celle d’un actionnaire pur, un entrepreneur salarié devrait distribuer 79 % à 97 % de son bénéfice en dividendes selon la taille de l’entreprise… un niveau impossible sans tomber sous le coup du « sous-salaire » et du risque de requalification par l’AVS et le fisc .

4. Conseils pratiques de la Fiduciaire Reddani

  1. Validez votre barème salarial. Un ratio salaire/dividende de 80/20 reste généralement toléré par l’administration, mais chaque cas est unique .
  2. Calculez l’impact global. Additionnez impôt société + impôts personnels + cotisations sociales avant toute décision. Notre propre calculateur intègre ces trois niveaux et la nouvelle grille vaudoise.
  3. Surveillez la valorisation de l’entreprise. Le dividende admissible ne doit pas dépasser 10 % de la valeur fiscale ; au-delà, gare à la requalification .
  4. Anticipez la boîte à outils RIE III. Brevet box, intérêts notionnels, etc. peuvent encore améliorer la charge future, surtout pour les PME innovantes.
  5. Restez agile. Le cadre fédéral évolue ; tenir un scénario alternatif (statut d’indépendant, fusion familiale, etc.) protège votre plan patrimonial.

5. Au-delà des chiffres : une question de gouvernance

Réduire la double imposition aligne la Suisse sur les normes OCDE-BEPS tout en préservant son attractivité pour les multinationales . Pour les entrepreneurs vaudois, la RIE III est surtout un appel à professionnaliser la gouvernance fiscale :

  • Traçabilité des bénéfices (expliciter la chaîne décisionnelle).
  • Neutralité dans les modes de financement pour éviter une trésorerie « obèse ».
  • Équité entre actionnaires salariés et investisseurs externes – condition clé pour attirer du capital sans surcharger la société.

6. Conclusion – RIE III : opportunité confirmée, eldorado à nuancer

La baisse à 13,79 % place Vaud dans le peloton de tête européen, mais ne gomme pas totalement la double imposition. Les actionnaires-salariés gagnent surtout en flexibilité AVS, tandis que les investisseurs purs engrangent la meilleure part de la réforme. L’enjeu n’est donc pas seulement fiscal ; il est stratégique :

« Un système fiscal équitable doit cesser de dicter la structure de financement de l’entreprise » – J. Reddani